La dépendance et les compulsions

  Quelques mots sur la dépendance et les compulsions pour vous permettre de mieux approcher ses pathologies addictives... mieux vous comprendre ou comprendre vos proches... et vous permettre d'être plus indulgent... On n'entre pas de son plein gré dans ses maladies et on n'en sort pas sans aide!

La dépendance

La dépendance est inhérente à la condition humaine au moment de sa naissance... la vie du nouveau né dépend du soin et de l'attention qui va lui être portée par ses parents. Sa vie dépend également de son environnement: dans quel contexte va t-il survivre? Même avec des parents bienveillants, une maladie, un accident peut le priver de vie...

Petit à petit l'enfant évolue vers son indépendance et vers son droit de vie individuée. Il va peu à peu satisfaire lui-même ses besoins pour continuer à vivre, à grandir, à évoluer et trouver son identité propre. La vraie indépendance, l'autonomie, la liberté d'être soi est acquise quand l'enfant devenu adulte est capable de s'auto-satisfaire sur tous les aspects, y compris l'amour... Il doit avoir suffisamment d'amour pour lui pour pouvoir évoluer en toute liberté, être lui sans condition vis à vis d'une quelqu'autre personne. Il pourra alors avoir un attachement juste et sain envers les autres, un attachement généreux et bienveillant, sans chercher à combler un quelconque vide en lui.

L'indépendance s'acquiert paradoxalement en étant accompagné, accompagné de proches bienveillants, suffisamment bien nourris d'amour d'eux-même, pour aimer l'enfant d'un amour "bien dosé" en protection, en gratification, en soutien et en reconnaissance. On comprend vite qu'il est difficile d'aller vers l'indépendance et qu'à différentes étapes de l'enfance et de l'adolescence mais aussi de la vie adulte, il est aisé de "rechuter" dans la dépendance à l'autre, à l'environnement, à une substance porteuse de réconfort, à un comportement sécurisant... Juste histoire de se rassurer, de ne pas avoir peur, de mieux s'estimer...

A tout âge, si le sentiment de ne pas être libre d'être soi est ravivé, alors il est bon de se faire accompagner. On a parfois du mal à être soi à cause des autres mais on ne devient pas soi-même sans les autres! Une fois conscient de cela, on peut alors choisir ceux qui nous accompagneront et cela fera la différence, l'indépendance.

Les compulsions

La compulsion se définit comme une force intérieure irrésistible poussant la personne à accomplir une action même si elle la désapprouve, la non-réalisation de l'action étant génératrice d'angoisse. Ajoutons que souvent, c'est pour éviter une angoisse, canaliser une émotion inconfortable que le sujet agit compulsivement... Nous comprenons rapidement que l'angoisse génère des compulsions et les complusions viennent calmer les angoisses... mais cela très ponctuellement! Après la compulsion, il y a un sentiment de culpabilité de ne pas avoir pu résister et une nouvelle angoisse naît... C'est le cercle vicieux qui s'installe! Un vrai processus qui s'auto-alimente!

Le terme compulsion vient du mot "compulsio" qui signifie contrainte...La personne est esclave de ses compulsions. Elle passe de l'émotion, du ressenti à l'action mais sans pouvoir se raisonner, faire appel à son processus mental. Le schéma ci-après nommé "index de computation" vous illustre le fonctionnement humain: on sent, on ressent, puis on analyse, on pense et ensuite on agit, on fait...La compulsion nous ôte l'étape de la réflexion, comme si l'angoisse était si forte qu'il n'y a pas de temps pour réfléchir, ou plus de place pour penser.

Henri Laborit (chirurgien -biologiste, philosophe et écrivain du 20e siècle) définit 3 réactions de stress qui sont des réactions automatiques aux agressions perturbant l'équilibre naturel humain: la fuite, la lutte ou l'inhibition (réaction physiologique de faiblesse, peurs, évanouissement)... La compulsion constitue, à mon sens, une réaction de lutte contre ses angoisses et de fuite de l'émotion. Elle constitue un système de protection que la personne met en place pour essayer de préserver son équilibre naturel mais la compulsion, par son caractère répétitif et envahissant viendra finalement déstabiliser cet équilibre. On devient dépendant de ses compulsions!

Sortir d'un processus de compulsions signifie remettre du processus mental, redonner de la sécurité intérieure, et trouver pas à pas des moyens d'atteindre autrement son équilibre. Vouloir éliminer la compulsion sans en comprendre l'intention, c'est risquer de se couper de notre instinct même de protection.

Sortir des compulsions et de la dépendance, c'est rétablir cet équilibre intérieur entre les émotions (qui sont elles même génératrices de mouvement), notre réflexion et notre introspection personnelle et nos actes et comportements. C'est aussi accueillir nos émotions, accepter de les ressentir sans fuir dans l'action ou lutter contre elles, ou bien encore les inhiber totalement en nous dissociant d'une part de nous-même.

Une petite histoire de compulsion.... pour le plaisir et la réflexion...

Paul est un jeune homme, étudiant, installé depuis peu dans un studio en région parisienne.

Paul sait qu'il ne doit pas manger de chocolat le soir, c'est mauvais pour ses dents (c'est ce que dit sa mère) et mauvais pour ses abdominaux (c'est lui qui le constate!)... Mais ce soir, il ne peut pas s'en empêcher!

"Je prends juste un carré, se dit-il. Le magnésium, c'est anti-stress et cela me détend." C'est carrément la plaquette qui y passe! Paul s'en veut de ne pas avoir su tenir:"Comment ai-je encore pu être aussi faible, je me laisse mener par le bout du nez par une plaquette de chocolat! ". Au final, il est en colère contre lui et ne trouve pas la détente attendue. Quant au plaisir d'avoir mangé du chocolat, c'est à peine si sa bouche s'en souvient! Il se promet de ne plus recommencer en se couchant. Pour se punir et pour compenser sa faiblesse, le lendemain matin, il ne déjeunera pas...

Le soir, devant la télévision...que se passe-t'il?

L'histoire finit bien car Paul est assis devant la télévision en compagnie de quelques amis pour regarder un match de foot. Ils partagent ensemble quelques carrés de chocolat, des fruits, un soda... Paul appréciera son carré de chocolat car il a la chaleur d'une soirée partagée et la douceur du lien!

Cette petite histoire pour vous permettre de réfléchir à la génèse des compulsions, à la dépendance, à la gestion des émotions.

Je vous invite aussi à écouter vos croyances, celles qu'on a sur soi et sur la vie (qui les a inscrites? sont-elles bonnes pour vous?), à revoir les "il faut" "c'est bien, pas bien" (les injonctions des figures du passé ne peuvent-elles pas être rendues au passé?), et à entendre vos envies (à lutter contre, on dérive souvent vers les excès et les conflits internes!). Et si vous faisiez également un tour du côté de votre système intégré de "récompense-punition", si largement développé pour l'éducation des enfants... Qu'en faites-vous à ce jour pour vous-même?

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